Namché Bazar. Premières mésaventures

Publié le par Antoine

Trente ans, jour pour jour, après la première ascension française de l’Everest par Pierre Mazeaud, Jean Affanassief et Nicolas Jagger (c’était le 15 octobre 1978), je vous propose de revivre cet exploit hors du commun et de me suivre dans cette ascension tout à fait exceptionnelle.

J’ai été désigné Leader de l'expédition French Everest Autumn 2008. Et c’est pour moi un immense honneur que me font les autorités népalaises.Nous sommes arrivés à Namché Bazar (3500m d’altitude) après deux jours de marche depuis le village aérodrome de Lukla. Lukla, situé à 2800m, est la porte d’entrée dans la vallée du Kumbu (vallée de l’Everest). Chaque jour de petits bimoteurs apportent leur lot de trekkeur depuis Katmandou. Ce vol aérien d’une heure nous allège de 100 euros et de 6 jours de marche. Ensuite Namché Bazar n’est plus qu’à deux jours. Enfin c’était sans compter sur une vache folle qui s’est littéralement jetée sur moi brisant mon altimètre au passage. Hostile le Népal, après le môme qui me pique mon portable à Katmandou lors d’une célébration religieuse, voilà la vache qui « jump » (c’est bien le terme employé par les témoins) sur moi. Ca ne pouvait pas mieux commencer.

 Namché Bazar, quand on y arrive,  est une vraie petite ville étagée, accrochée à la montagne où vivent 2000 âmes, c’est aussi la capitale des Sherpas et le carrefour entre le Tibet et le Népal.
Aujourd’hui la ville ne vit plus que du tourisme. Il y a encore deux ans le marché noir entre le Tibet et le Népal était l’activité principale. Mais,
depuis que les Chinois se sont amusés à tirer sur des réfugiés tibétains au col du Nangpa Là, notamment sur une nonne (filmé par des Occidentaux), les ardeurs ont quelque peu été refroidies et la frontière bouclée.

Auparavant, les Tibétains passaient le col chargés de produits chinois contrefaits puis les stockaient ici à Namché. Ensuite, les Népalais les acheminaient vers Katmandou via Lukla. Quand ils n’étaient pas vendus directement sur place.

Aujourd’hui les Tibétains ont trouvé un nouveau cheminement, par la route, sous couvert des autorités locales chinoise. On ne mélange pas le business et les réfugiés, surtout les nonnes. On trouve de tout contrefait à Namché, aussi bien des vestes North Face, des cartes mémoires pour appareils photos, des piles, des moines, des scalps de yéti que des médicaments… Cela fait deux jours que je zone à Namché Bazar, à la recherche d'un scalp de vache. Je tente de m’acclimater à cette première altitude 3500-3800m.

Je ne souffre pas du mal des montagnes, mais passer du plancher des vaches à 3500m d’altitude sans ressentir une certaine fatigue me semble ambitieux. Aussi ai-je décidé de prendre mon temps pour rejoindre le camp de base de l’Everest à 5400m. D’autant que j’ai appris aujourd’hui  qu’une avalanche s’était produite et avait emporté une partie du camp de base. Quand je disais que ça ne pouvait pas mieux commencer…

Après avoir fait mon premier footing hier et une marche d’acclimatation, c’est plein d’espoir et de dal bat (plat national tibétain, dal pour lentilles et bat pour le riz), que j’aborde cette deuxième semaine au Népal.
Nous partirons demain pour Pangboche à 3930 m d’altitude, en claquettes bien entendus puisque mes porteurs sont partis direct au camp de base avec mes chaussures (m'enfin !), ensuite Dingboche à 4410 m puis deux jours de repos.

Pas que pour moi, mais plutôt pour Narayan mon porteur (kulli en népalais) qui a en charge l’acheminement de ma précieuse valise Inmarsat sans qui vous n’auriez pas de mes nouvelles, mais aussi ma
caméra et son pied, mes panneaux solaires, mes kilos de batteries, mes livres et tout mon bazar qui ne sert pas, mais qu’on prend quand même. D’ailleurs j’ai vu un peu grand pour les livres…

Sinon côté films, j’ai juste trouvé Hulk en DVD piraté, en langue Indi sous titré Népalais ou sinon Tragédie à l’Everest… Je me répète mais ça ne pouvait vraiment pas mieux commencer.

Publié dans Everest

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article